Pour une Europe plus démocratique
Table des matières
Introduction
La prise en compte de la protection des animaux – tant attendue par les citoyens, tout comme d’autres grandes thématiques de société – implique de modifier le cadre juridique permettant l’émergence de ces questions dont les institutions pourront utilement se saisir et sur lesquelles elles pourront efficacement légiférer.
L’Union européenne peut être un véritable moteur pour amorcer des changements internationaux tels que la sortie de l’élevage intensif. La plupart des pays européens craignent, en relevant leurs exigences en matière de respect des animaux, de perdre en compétitivité. Cependant, harmoniser les réglementations nationales apparaît donc comme une étape fondamentale pour amorcer une transition efficace et sereine de nos modèles agricoles.
L’Union européenne a ainsi le pouvoir de réorienter l’agriculture vers une végétalisation massive de notre production et de notre consommation grâce à la réallocation des subventions. Nos agriculteurs sont les premiers à vouloir évoluer, nous devons les aider financièrement pour le faire.
Lors de cette élection, comme depuis sa création, le Parti animaliste sera le premier défenseur de l’agriculture française. Une agriculture innovante, souveraine, plus végétale, plus respectueuse des animaux, des travailleurs, des riverains, des consommateurs et de l’environnement. Que chaque pays puisse retrouver sa souveraineté alimentaire, encouragée par un système vertueux et non parasitée par la concurrence de nations qui ne se préoccupent pas des normes en matière de protection animale, des humains et de l’environnement. C’est aussi une question de santé publique, à la fois pour une alimentation plus saine, et pour éviter les futures pandémies de type zoonoses dont les élevages sont des incubateurs.
C’est le projet que nous souhaitons porter lors de cette élection en reconnaissant les intérêts des animaux et en œuvrant pour une Europe plus juste et plus démocratique.
1. Une réglementation générale applicable à tous les animaux pour reconnaître et protéger leurs intérêts
Aujourd’hui, seule une partie des animaux fait l’objet de dispositions protectrices. Outre que cette réglementation est insuffisante, comme cela a été développé dans les autres parties du programme, elle est de surcroît partielle. Les animaux sauvages sont totalement exclus de cette protection en tant qu’individus. Il est donc nécessaire d’accorder à tous les animaux une protection adaptée à leurs besoins et à leur spécificité.
Les institutions de l’Union européenne doivent également intégrer la question animale afin de s’assurer que des instances soient effectivement en charge de la protection des animaux.
Le dispositif de contrôle des règles de protection animale doit en outre être renforcé. En France, les contrôles visent 1 % des élevages par an comme le confirment, depuis des années, les rapports à la fois de la Cour des comptes européenne et le rapport du Plan national de contrôles officiels pluriannuel (PNCOPA).
1.1 Intégrer la question animale dans le droit européen
Il convient d’adopter une recommandation en ce sens, à destination des États membres.
1.2 Réformer les traités européens
1.3 Intégrer la question animale dans les instances européennes et renforcer leur indépendance
Il convient de proposer la révision du règlement 2017/625 du Parlement européen et du Conseil du 15 mars 2017 concernant les contrôles officiels en ce sens.
1.4 Insérer dans toutes les relations commerciales internationales des clauses liées à la protection des animaux
L’Union européenne se doit de renforcer son influence à l’international au profit des animaux et de leur habitat.
Elle doit aussi s’opposer à l’importation de produits issus de l’exploitation animale ne respectant pas les normes européennes.
2. Un renforcement de la démocratie européenne
L’Union européenne souffre d’un déficit de démocratie, préjudiciable à l’avancée de mesures pourtant majoritairement soutenues par les citoyens.
Pour améliorer la démocratie parlementaire, il est nécessaire de conférer au Parlement européen, composé de membres élus, l’initiative législative ; plutôt que seulement à la Commission européenne, dont les membres sont nommés.
2.1 Renforcer la transparence et la démocratie au sein de l’Union européenne
Il convient de multiplier les mesures de transparence du fonctionnement de l’Union européenne, visant à limiter les biais des politiques causés par les lobbys. Le fonctionnement de l’Union européenne doit être davantage démocratique et plus transparent, notamment pour refléter l’opinion publique largement favorable à des conditions de vie décentes pour les animaux.
Conformément à l’article 3 de l’accord interinstitutionnel concernant le droit d’enquête, une « commission d’enquête procède aux enquêtes nécessaires pour vérifier les allégations d’infraction ou de mauvaise administration dans l’application du droit communautaire », dans les conditions visées dans la décision. Afin de recueillir des preuves, les commissions d’enquête peuvent inviter des témoins ou recevoir leurs observations écrites, demander des documents, et organiser des auditions avec des experts.
Dans le contexte d’un souhait d’augmentation de la transparence dans le fonctionnement de l’Union européenne, il convient de créer une commission d’enquête sur le lobbying.
Le code de conduite des députés au Parlement européen, en matière d’intérêts financiers et de conflits d’intérêts, présente les principes directeurs de conduite et les principaux devoirs des députés dans l’exercice de leur mandat. Conformément aux principes directeurs, les députés agissent uniquement dans l’intérêt général et n’obtiennent ou ne tentent d’obtenir aucun avantage financier direct ou indirect quelconque ni aucune autre gratification. Le comité est actuellement composé d’eurodéputés.
La Commission avait proposé la création d’un tel organe, chargé d’examiner toutes les questions de lobbying dans les différentes institutions et agences, mais aussi d’harmoniser les règles entre les institutions. Elle a été rejetée par le Parlement européen.
La création de cet organe indépendant est une demande formulée par l’ONG anticorruption Transparency International, qui juge inefficace l’action du Comité consultatif sur la conduite des députés.
Il convient d’adopter une résolution visant à créer ce portefeuille.
2.2 Réviser les traités constitutifs de l’Union européenne
La prise en compte des intérêts des animaux dans la PAC et la Politique commune de la pêche (PCP) implique une modification des traités.
L’article 39 du TFUE qui fixe les objectifs de la PAC devrait être complété par des aspects d’éthique animale et environnementale. À ce jour, cet article aborde essentiellement la productivité, le niveau de vie des agriculteurs, la stabilité des marchés, la sécurité des approvisionnements et la modération des prix pour les consommateurs. L’article 40 du TFUE concerne également la PAC mais n’a trait qu’aux aspects économiques des marchés agricoles (concurrence, organisation européenne du marché…). L’article 39 du TFUE, cadre également la PCP puisque l’article 38 entend par produits agricoles « les produits du sol, de l’élevage et de la pêcherie ».
2.3 Harmoniser les modalités d’élection au Parlement européen dans les États membres pour porter la voix des animaux
Le Parti animaliste a pour objectif de redonner espoir dans la démocratie européenne, perçue souvent comme éloignée des préoccupations des citoyens. L’Union européenne se doit de prendre en compte les aspirations profondes des citoyens européens, soucieux de la cause animale. La question animale est très emblématique car elle témoigne de l’émergence citoyenne de cette préoccupation, de plus en plus politique.
Cependant, le manque d’harmonisation entre les États membres alimente l’abstention et la défiance des citoyens européens concernant le fonctionnement de l’Europe et de ses institutions. Quatorze pays de l’Union européenne ne fixent pas de seuil électoral minimal pour être représentés au Parlement européen. Si la France votait comme les Allemands, la représentation européenne de la France serait différente.
Pour obtenir des élus au Parlement européen, les différentes listes de candidats français doivent obtenir plus de 5 % des suffrages exprimés. Cette règle n’est pas la même partout en Europe, puisqu’en Allemagne, par exemple, la Cour constitutionnelle a jugé en 2011 que le seuil de 5 % était inconstitutionnel, et a pris la même décision en 2014 sur un seuil révisé à 3 %. Ceci permet aujourd’hui à de « petits partis » d’être représentés au Parlement européen ; ce qui n’est pas le cas en France.
Les citoyens doivent pouvoir reprendre foi dans les institutions européennes, ce qui suppose des réformes profondes pour harmoniser les règles électorales des États membres. Porter la voix des animaux et celle des humains implique des modalités d’élection plus justes, plus démocratiques et représentatives, garantissant le pluralisme politique.
En France ce seuil (5 % actuellement) réduit drastiquement la représentativité du vote. En 2019, environ 20 % des voix exprimées n’ont pas eu de représentation au Parlement européen. Un citoyen sur cinq a donc voté pour des listes qui n’ont pas eu d’élus. Il s’agit d’un déni de démocratie.
La mise en place d’un bulletin de vote unique est susceptible d’augmenter la participation électorale et donc l’intérêt pour l’Europe. Le citoyen n’aurait qu’à cocher la case de la liste de son choix, figurant sur un seul et même bulletin. Chaque case serait de la même taille et l’ordre déterminé par un tirage au sort. Aujourd’hui, en France, l’impression d’un bulletin par liste, à charge des partis, présente plusieurs problèmes. Tout d’abord un problème écologique, car il engendre un gaspillage très important de milliers de tonnes de papier. Il défavorise les listes plus modestes, pour lesquelles les coûts sont un frein. Les listes doivent en effet débourser des centaines de milliers d’euros, tout en n’ayant pas la garantie du remboursement des frais d’impression et d’acheminement, pour lequel il faut obtenir au moins 3 % des voix. Le bulletin unique génère des économies substantielles pour les États, qui n’auront plus à rembourser les bulletins de plusieurs listes et leur acheminement. Enfin, la quasi-totalité des bulletins individuels imprimés pour chaque liste sont détruits sans même avoir servi.